Salauds de (pauvres) profs
La CAMIF ferme ses portes.
On annonce 780 licenciements. La CAMIF, c'est la troisième entreprise française de vente par correspondance.
C'était.
A l'origine, la CAMIF a été créée en 1947 pour permettre aux enseignants de s'équiper, après la guerre.
Certes, depuis pas mal de temps, la CAMIF n'est plus réservée qu'aux profs, mais de là, à dire que la CAMIF coule parce que les profs n'ont pas suffisamment acheté, vous en conviendrez, il n'y a qu'un pas.
N'oublions pas que le pouvoir d'achat des profs n'a cessé de baisser depuis les années 80.
Les profs : pushing-ball officiels de la France qui souffre.
Deux exemples : le suicide d'un prof accusé à tort d'avoir frappé un gamin menteur. Dans ce premier cas, on met tout de suite le prof en garde à vue, on fait confiance à la parole de ce garçon, on met tout de suite en doute les dénégations du prof. La suite est tragique, pour le prof qui se suicide, mais aussi pour le gamin qui a menti et qui vivra avec la mort de quelqu'un sur la conscience. Les gendarmes ayant reçu la plainte n'auraient-ils pas dû se renseigner un peu avant de mettre en garde à vue un prof sur la simple déclaration d'un enfant ?
Deuxième cas : une mère en colère qui vient casser la figure d'une prof...Cette fois-ci, alors que la prof a une ITT de 4 jours, la mère n'est pas mise en garde à vue.
Le prof serait-il toujours coupable ? La justice est-elle vraiment la même pour tous ?
Et pourquoi n'a-t-on pas un peu plus de considération pour celles et ceux qui s'occupent des enfants des autres environ 7 ou 8 heures par jour ?
Haine et jalousie.
Si vous êtes prof et que vous n'avez pas trop le moral, ne lisez jamais un article sur l'éducation sur libé.fr, sur le monde.com ou sur le figaro.com. Ou plutôt, ne lisez jamais les commentaires. La haine s'y étale dans toute sa splendeur. Les profs sont des glandeurs, des cons, déconnectés de la vraie vie, des privilégiés, des nantis et j'en passe...Des pires.
La jalousie, c'est simplement pour les vacances (à vrai dire, c'est bien le seul avantage qui nous reste : pas de treizième mois ou d'avantages quelconques...Même pas de comité d'entreprise ! Un salaire minable pour les 5 ans que j'ai faits après le bac, le mépris des élèves, de la hiérarchie, du ministre et de la société toute entière...), et la sécurité de l'emploi. Sacro-sainte sécurité de l'emploi ! Vous avez entendu parler de la loi sur la mobilité des fonctionnaires, bien sûr ? Non ? Renseignez-vous !
Le climat est bon pour tout détruire sans faire de vague.
C'est une stratégie : un rapport de l'OCDE en parlait déjà en 1996 (Cahier de politique économique n°13) :
"Si l’on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles ou aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement et l’école peut progressivement et ponctuellement obtenir une contribution des familles, ou supprimer telle activité. Cela se fait au coup par coup, dans une école mais non dans l’établissement voisin, de telle sorte que l’on évite un mécontentement général de la population."
Raser les RASED, lisser le lycée...
On fait disparaître l'aide en primaire en nous affirmant, qu'au contraire, on ne s'occupe que de la difficulté des élèves. Et ça passe. Le climat est bon : les profs ont tort, c'est un pré-requis.On fait du lycée un vaste supermarché du savoir où les élèves se serviront à la carte et par semestre. On nous dit que pour c'est le bien de l'élève, mais on en profite pour supprimer des heures dans toutes les matières fondamentales. Mais les profs sont de mauvaise foi.
Le monde de l'économie réelle ressentira pourtant, c'est certain, dans quelques années, les conséquences de cette mauvaise éducation...N'en doutons pas...
CC