La Journée de la jupe
Hier soir, sur ARTE, j'ai regardé un film de Jean-Paul Lilienfeld en avant-première, avec Isabelle Adjani et Denis Podalydès.
Ce film sera à l'affiche au ciné à partir du mercredi 25 mars.
La Journée de la jupe raconte l'histoire d'une prof de lettres dans un collège de Seine-Saint-Denis qui pète un câble et qui prend en otage une classe, avec une arme trouvée dans le cartable d'un élève.
Ce qui est formidable c'est qu'elle arrive pour la première fois à faire cours dans le silence.
Plus sérieusement, ce qui est vraiment bon, dans ce film, ce sont les questions abordées
Ce n'est pas trop didactique, rassurez-vous, les comédiens jouent bien et l'action est réellement présente.
Le thème principal, c'est la place de la femme dans les quartiers.
Entre putes et soumises, forcément vierges alors que les garçons ne le sont (forcément) pas...
Le film va sembler caricatural à certain, j'en suis sûre, par ceux qui n'ont pas mis les pieds dans un quartier depuis longtemps, voire jamais...
Le manque de mixité sociale, pourtant, cause des situations de cet ordre : cette prof est mal vue au sein de son établissement parce qu'elle vient parfois en jupe. Pas en mini-jupe, juste en jupe. Les élèves la traitent de pute, ses collègues et la hiérarchie l'accusent de provocation inutile.
Lors de sa prise d'otage, une de ses revendications, c'est l'instauration d'une journée de la jupe, dans les établissements scolaires. A cela, l'actrice jouant le ministre réplique que la femme a mis des années à se libérer des robes et des jupes et à avoir le droit de porter des pantalons.
En une situation de fiction, un débat fondamental du féminisme aujourd'hui est posé. La religion est au coeur de cette question, bien sûr...
Ce film présente l'avantage de poser beaucoup de questions, d'ouvrir des pistes de réflexion.
Il rejoint ma réalité : dans mon rapport à mes élèves, le fait d'être une femme n'est pas anodin. Aux conseils de classe, on se rend compte des comportements radicalement différents de certains élèves par rapport aux hommes et par rapport aux femmes...
Je n'ai pas la même légitimité qu'un homme. Je n'ai pas la même autorité. Je dois construire tout cela et ça prend du temps et de l'énergie. Parfois, ça ne marche pas, d'ailleurs. Je reste une femme non voilée, impure, sans doute...
Pas de vraies réponses, mais un premier pas vers la prise de conscience sans doute...
Trop réaliste ? A voir...
La démarche rejoint sans doute celle de Welcome, le film de Lioret, sur les immigrés coincés dans la région de Calais : la fiction, en embarquant le spectateur dans une histoire, permet de prendre conscience de la réalité, en sortant "des effluves télévisuelles habituelles", comme dit Philippe Lioret.
CC
Ce film sera à l'affiche au ciné à partir du mercredi 25 mars.
La Journée de la jupe raconte l'histoire d'une prof de lettres dans un collège de Seine-Saint-Denis qui pète un câble et qui prend en otage une classe, avec une arme trouvée dans le cartable d'un élève.

Ce qui est formidable c'est qu'elle arrive pour la première fois à faire cours dans le silence.
Plus sérieusement, ce qui est vraiment bon, dans ce film, ce sont les questions abordées
Ce n'est pas trop didactique, rassurez-vous, les comédiens jouent bien et l'action est réellement présente.
Le thème principal, c'est la place de la femme dans les quartiers.
Entre putes et soumises, forcément vierges alors que les garçons ne le sont (forcément) pas...
Le film va sembler caricatural à certain, j'en suis sûre, par ceux qui n'ont pas mis les pieds dans un quartier depuis longtemps, voire jamais...
Le manque de mixité sociale, pourtant, cause des situations de cet ordre : cette prof est mal vue au sein de son établissement parce qu'elle vient parfois en jupe. Pas en mini-jupe, juste en jupe. Les élèves la traitent de pute, ses collègues et la hiérarchie l'accusent de provocation inutile.
Lors de sa prise d'otage, une de ses revendications, c'est l'instauration d'une journée de la jupe, dans les établissements scolaires. A cela, l'actrice jouant le ministre réplique que la femme a mis des années à se libérer des robes et des jupes et à avoir le droit de porter des pantalons.
En une situation de fiction, un débat fondamental du féminisme aujourd'hui est posé. La religion est au coeur de cette question, bien sûr...
Ce film présente l'avantage de poser beaucoup de questions, d'ouvrir des pistes de réflexion.
Il rejoint ma réalité : dans mon rapport à mes élèves, le fait d'être une femme n'est pas anodin. Aux conseils de classe, on se rend compte des comportements radicalement différents de certains élèves par rapport aux hommes et par rapport aux femmes...
Je n'ai pas la même légitimité qu'un homme. Je n'ai pas la même autorité. Je dois construire tout cela et ça prend du temps et de l'énergie. Parfois, ça ne marche pas, d'ailleurs. Je reste une femme non voilée, impure, sans doute...
Pas de vraies réponses, mais un premier pas vers la prise de conscience sans doute...
Trop réaliste ? A voir...
La démarche rejoint sans doute celle de Welcome, le film de Lioret, sur les immigrés coincés dans la région de Calais : la fiction, en embarquant le spectateur dans une histoire, permet de prendre conscience de la réalité, en sortant "des effluves télévisuelles habituelles", comme dit Philippe Lioret.
CC