Jeunes
Aujourd'hui, j'ai parlé du conflit israélo-palestinien avec mes élèves de 3ème.
C'est un sujet sensible pour tout le monde, mais ça l'est encore plus avec des jeunes à grande majorité d'origine maghrébine.
Les élèves sont évidemment du côté de la Palestine. Depuis quelques jours, d'ailleurs, les kheffies sont ressortis.
Et en ce moment, nous étudions le roman Inconnu à cette adresse de Kathrine Kressmann Taylor, qui parle d'antisémitisme pendant la seconde guerre mondiale. (Je vous conseille ce roman, c'est court et efficace...)
Coïncidence.
Evidemment, à chaque propos antisémite rencontré dans le livre, la tension est sensible.
Je n'ai pas pu faire autrement que de percer l'abcès, parce que beaucoup d'élèves avaient autre chose que l'étude de l'argumentation dans la tête.
C'est l'injustice qui est sur leurs lèvres : les enfants, les femmes, les civils sous les bombes, le piège tendu par Israël aux habitants de Gaza.
L'injustice aussi du traitement médiatique de cette guerre : les journaux télés qui mettent en avant les morts militaires sans montrer les images des morts civils...Ils me parlent de youtube où on voit les "vraies" images. Ils me parlent de propagande.
Ils dénoncent le "deux poids, deux mesures", quand on s'indigne outre mesure de l'incendie d'une synagogue alors qu'on passe sous silence ou presque les mêmes profanations des cimetières musulmans, ou des mosquées.
Mon devoir est de garder le recul. Mais ce sont des ados révoltés que j'ai en face de moi. Le manque de confiance qu'ils manifestent envers les médias est le même envers moi.
"Et vous, Madame ?", me lance une des plus virulentes.
Prendre du recul. Leur donner à penser. Leur dire de se méfier de ce conflit, que les problèmes ne sont pas toujours ceux qu'on imagine...
Moi, évidemment, je suis révoltée, écoeurée par les morts civils, par les 235 enfants tués dans le conflit. Par l'inégalité du combat.
Moi, je me méfie de ce qu'on veut nous faire croire. Vouloir s'informer autrement, sur youtube, par exemple, c'est bien. TF1 ne détient pas la vérité absolue. Mais il faut toujours savoir d'où vient l'information.
Moi, je me demande toujours qui a intérêt à faire la guerre. La population ? Les chefs d'Etats ? Les marchands d'armes ?
Moi, je ne pense pas que ce conflit soit un conflit religieux. Qu'opposer Juifs et Musulmans n'est pas une solution.
Moi, je pense que nous sommes en France, bien loin de la Palestine, que la donne n'est pas la même ici et là-bas et que tous les Juifs ne peuvent en aucun cas être mis dans le même panier. Les Musulmans non plus.
Qu'il ne faut pas oublier que les cortèges sont avant tout pour la Paix. Surtout pas pour attiser encore les haines. Et qu'il y a aussi des Juifs qui ont pris part à ces cortèges pour la Paix.
C'est étonnant, mais c'est la première fois que je trouve le cours intéressant, depuis le début de l'année, avec cette classe d'ordinaire tout à fait endormie...
Comme quoi...
Et je pense qu'on a fait un grand pas au sujet de l'argumentation. (qui ne sera plus dans les nouveaux programmes du collège, lancés à partir de septembre 2009...)
Martin Hirsch, si tu me lis...
CC
C'est un sujet sensible pour tout le monde, mais ça l'est encore plus avec des jeunes à grande majorité d'origine maghrébine.
Les élèves sont évidemment du côté de la Palestine. Depuis quelques jours, d'ailleurs, les kheffies sont ressortis.
Et en ce moment, nous étudions le roman Inconnu à cette adresse de Kathrine Kressmann Taylor, qui parle d'antisémitisme pendant la seconde guerre mondiale. (Je vous conseille ce roman, c'est court et efficace...)
Coïncidence.
Evidemment, à chaque propos antisémite rencontré dans le livre, la tension est sensible.
Je n'ai pas pu faire autrement que de percer l'abcès, parce que beaucoup d'élèves avaient autre chose que l'étude de l'argumentation dans la tête.
C'est l'injustice qui est sur leurs lèvres : les enfants, les femmes, les civils sous les bombes, le piège tendu par Israël aux habitants de Gaza.
L'injustice aussi du traitement médiatique de cette guerre : les journaux télés qui mettent en avant les morts militaires sans montrer les images des morts civils...Ils me parlent de youtube où on voit les "vraies" images. Ils me parlent de propagande.
Ils dénoncent le "deux poids, deux mesures", quand on s'indigne outre mesure de l'incendie d'une synagogue alors qu'on passe sous silence ou presque les mêmes profanations des cimetières musulmans, ou des mosquées.
Mon devoir est de garder le recul. Mais ce sont des ados révoltés que j'ai en face de moi. Le manque de confiance qu'ils manifestent envers les médias est le même envers moi.
"Et vous, Madame ?", me lance une des plus virulentes.
Prendre du recul. Leur donner à penser. Leur dire de se méfier de ce conflit, que les problèmes ne sont pas toujours ceux qu'on imagine...
Moi, évidemment, je suis révoltée, écoeurée par les morts civils, par les 235 enfants tués dans le conflit. Par l'inégalité du combat.
Moi, je me méfie de ce qu'on veut nous faire croire. Vouloir s'informer autrement, sur youtube, par exemple, c'est bien. TF1 ne détient pas la vérité absolue. Mais il faut toujours savoir d'où vient l'information.
Moi, je me demande toujours qui a intérêt à faire la guerre. La population ? Les chefs d'Etats ? Les marchands d'armes ?
Moi, je ne pense pas que ce conflit soit un conflit religieux. Qu'opposer Juifs et Musulmans n'est pas une solution.
Moi, je pense que nous sommes en France, bien loin de la Palestine, que la donne n'est pas la même ici et là-bas et que tous les Juifs ne peuvent en aucun cas être mis dans le même panier. Les Musulmans non plus.
Qu'il ne faut pas oublier que les cortèges sont avant tout pour la Paix. Surtout pas pour attiser encore les haines. Et qu'il y a aussi des Juifs qui ont pris part à ces cortèges pour la Paix.
C'est étonnant, mais c'est la première fois que je trouve le cours intéressant, depuis le début de l'année, avec cette classe d'ordinaire tout à fait endormie...
Comme quoi...
Et je pense qu'on a fait un grand pas au sujet de l'argumentation. (qui ne sera plus dans les nouveaux programmes du collège, lancés à partir de septembre 2009...)
Martin Hirsch, si tu me lis...
CC