De la difficulté d'être vigilant...
Certes, je sens bien que suivre de près les faits et gestes ou plutôt les dires et gesticulations de notre président, a une importance capitale pour la démocratie. Malgré cela, je ressens une fatigue, un lassitude, un angoisse terrible, devant le résultat.
Suivre l'actualité politique, avec Sarkozy, c'est être contraint de faire les poubelles de mon coiffeur pour lire la presse à scandale. C'est apprendre qu'on est dirigé par un mufle sans pudeur qui offre la même bague à toutes ses conquêtes. C'est être forcé d'observer le mauvais goût personnalisé. Obligé de supporter les images des vacances présidentielles de Nicolas, Carla et du fils de cette dernière.
A cela, Sarkozy a répondu, lors de sa conférence de presse :" Si ces photos sont trop douloureuses, et bien n'envoyez plus de photographes." Analysons : il le dit avec ironie, mais il le dit. Il réplique tout simplement par un méprisant "Ne regardez pas". Voilà la réponse, donc : tournez les yeux. Si c'est de l'ironie, c'est qu'il suppose que ce ne sont pas des images douloureuses. Il suppose que ce sont des images de conte de fée. C'est ainsi qu'il cherche à nous les vendre. Cependant, les photos sont douloureuses : pour des gens modestes, ces richesses ostentatoires sont douloureuses. Pour toute personne censée, ce gamin exposé aux journalistes, c'est indigne et douloureux. Et cet étalage de bonheur frelaté, ça peut aussi blesser les gens qui souffrent...
Pour tout dire, tout cela fini par donner la nausée...
On en serait presque à écouter la parole présidentielle : "si tout cela est trop douloureux, tournez la tête, ne regardez pas." Et s'il avait dit cela au sens propre, finalement ? Si tout ce battage, en plus de la volonté nous détourner des vrais problèmes politiques et du vide de la politique présidentielle, n'était organisé que pour nous faire détourner le regard à nous, les vigilants ?
C'est vraiment là que commencerait la liberté d'action de M.Sarkozy : quand tout ceux qui pensent et qui examinent de près sa politique, quand ceux qui le mettent devant ses contradictions, quand ceux qui ne se bornent pas à attendre frénétiquement la date du mariage de Nico et Carla, mais qui s'intéressent au paquet fiscal, au 35h ou au pouvoir d'achat se seront définitivement détournés des frasques du président, alors, il pourra mener à bien sa politique désastreuse de démantèlement du service public, de cassage du droit du travail, de politique d'immigration absurde...
Alors, il faut continuer à être vigilant, à supporter les frasques écoeurantes pour surveiller le reste. C'est une forme de résistance. Et j'ai de plus en plus l'impression que sa politique tellement désordonnée, tellement improvisée en fonction des sondages, nous mènera dans le mur. Car le peuple lui aussi est au bord de la nausée...
CC