Contributions : Combattre et proposer, Ségolène Royal (2/ ?)

Publié le par CC

Il faut d’abord que je tente de faire abstraction du style de Ségolène, pour pouvoir lire sérieusement sa contribution. C’est en fait le problème majeur que j’ai avec Ségolène : son style. Dans cette contribution, on l’entend parler et ça me dérange.

 

Je peux tenter d’analyser ce style de manière littéraire : c’est un style peu naturel, un peu guindé (utilisation d’un vocabulaire daté ou connoté : « sape », « exsangue », « modernité branchée », « bafoué »… un style qui se veut parlé, et qui est hypocoristique, dans le sens où il multiplie les marques d’oral à l’écrit dans une intention affectueuse. (« Chers camarades », « « Où êtes-vous ? » nous crie-t-elle », « non, nous militants socialistes nous n’acceptons pas cela », « chaque année, […] oui, chaque année »…), les répétitions accentuent cette impression : elle prend son lecteur pour ce qu’il n’est pas. A-t-elle besoin de répéter, d’asséner, à l’écrit, de souligner, d’énumérer ?  Il me semble qu’elle s’adresse à des gens avertis et intelligent.

 

Je sais déjà qu’on va me dire que ce n’est pas le plus important, que c’est une histoire de forme et non de fond. Mais je suis convaincue que c’est ce qui a fait la différence, en 2007.

 

Vous savez, c’est un peu comme ces restaurants, sur la côte : le long de la plage, vous avez 15 restos qui se ressemblent tous. Ils proposent tous des fruits de mer et des soupes de poissons. Il y a deux types de stratégie : celle qui mise sur le tape à l’œil, avec une belle terrasse design, aux couleurs tendances. A côté de ça, on fait des économies sur le personnel en cuisine, les serveurs sont engagés au jour le jour et les clients, s’ils se font prendre une fois, ne sont pas satisfait par la bouffe, ni par le service, ne reviennent pas.

 

La deuxième technique consiste à miser sur le fond, c'est-à-dire sur la cuisine et le service. Les clients ne sont pas forcément convaincus au premier coup d’œil, mais ils sont satisfaits, le bouche à oreille se fait, la clientèle est fidélisée et  revient.

 

Les deux techniques sont viables : le premier restaurateur mise sur le fait que les touristes sont là pour peu de temps, qu’il faut les séduire vite et que de toute façon, ils ne reviendront pas.  Le second pense à s’établir pour plus longtemps, pense à la clientèle locale et hors-saison.

 

Le premier, c’est Sarkozy : il  a choisi de tout miser sur la com’, il y aura toujours de nouveaux électeurs pour être séduits, il y aura toujours des gogos pour se faire prendre au piège des beaux discours. Pas besoin de bosser le fond.

 

Le second, c’est Ségolène Royal : 100 idées pour convaincre, des débats participatifs, une ouverture d’esprit moderne, mais malheureusement une communication faiblarde. C’est cela que Ségolène doit travailler au plus vite.

 

Et je lirai vraiment cette contribution encore plus tard !!!

 

CC

Publié dans PS (Parti en Sucette)

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D
1: c'est la tragédie de cette contribution: les gens qui la lisent sont impressionés par la qualité du travail fourni, mais comme tout le monde a un avis très tranché sur ségolène royal, même ceux qui ne la detestent pas ont du mal à s'y mettre.... mais bon, le fond vaincra.2 : dans "ma plus belle histoire" elle analyse en profondeur le vote des plus de 65 ans, puisqu'elle sait que ce sont eux qui les as fait perdre. elle a beaucoup travaillé avec les sondeurs pour comprendre, et elle en tire 3 grande conclusions : 1/ elle faisait peur en tant que femme, "pas sûre" pour cette génération 2/ elle faisait peur avec tous ces jeunes enthousiastes, ces images où les habitants de quartiers étaient à fond derrière elle. il y a là une vraie fracture sociale, entre les jeunes et les vieux. 3/ l'attrait des mesures "ciblées" avec l'augmentation de 25% des petites retraites etc.... d'ailleurs on l'oublie, mais entre decembre 2007 et mars, elle harcelait sarkozy dans toutes ses interventions pour dénoncer le fait que c'était toujours pas fait.... et ça a marché puisque ils ont été obligés de céder et de le faire (partiellement).... 3: ll n'y a pas de thème de droite et de gauche. moi, je suis fier de ne pas laisser le drapeau et la marseillaise à des fachos, je suis fier qu'une socialiste ait clairement dit que notre identité nationale c'était l'égalité, la fraternité... que la marseillaise n'est pas un chant facho... c'est important de reconcilier des tas de gens - dont les mecs de 2è ou 3è generation- avec ces symboles contre lesquels ils ont de la méfiance parce que les fachos s'en servent contre eux, alors qu'au contraire, ce sont des symboles pour dire qu'ils sont les bienvenus.elle a apporté sa pierre.
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N
J'ai lu la contrib ce midi, et j'ai été enthousiasmé. J'approuve une bonne partie des propostions. Celles sur les impots ou les retraitres surtout.Le problème reste ségolène... Je me rappelle d'un passage de la contrib : sur les retraites où il est écrit que les plus de 65 qui ont massivement voté pour srako se mordent les doigts. Le souci c'est que ségo n'a pas réussi à leur donner l'envie de voter pour elle.Cependant, lla contrib Royal este l'une des plus intéressantes (avec Urgence Sociale)Si Ségo apprennait à dompter les caméras, elle pourrait revenir. Après tout Sarko a bien connu une traversée du désert aprés 1995.PS : Quoi  qu'en disent les sondages. je suis persuadé que les CONNERIES sur le drapeau nous ont fait perdre des voix. La nation c'est peut être un théme important, mais ne sera jamais un thème de gauche : nous sommes internationnalistes.
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D
- pour le drapeau et l'encadrement, je te réfère au livre "l'état de l'opinion 2008", qui nous apprend que ces thématiques sont quasi obsessionnelles chez les classes populaires. Le fait que ségolène royal en ait parlé est une explication majeure du fait que l'on a plus que doublé le vote des ouvriers depuis jospin.- le livre "ma plus belle histoire, c'est vous" analyse aussi ses erreurs, stratégiques, d'organisation, etc. C'est un bilan massif de la campagne.- pour un livre plus poussé sur le fond, je te conseille "si la gauche veut des idées"- pour l'élan, rendez vous le 27 septembre au zenith pour un rassemblement de la fraternité qui tranchera, sois en sur, avec les réunions d'appareils du ps ou tout le monde fait la gueule. les réunions de ségolène royal sont toujours les mêmes: beaucoup de femmes, de jeunes, de gens de couleurs, les gens sont souriants et joyeux. je te jure, j'ai fait beaucoup réunions ps dans ma vie, celles de ségolène royal sont essentielles à vivre au moins une fois, histoire de voir le contraste.
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N
<br /> Je n'ai pas encore terminé la contrib Royel, je ne me prononcerai pas sur le fond. Reste que du point de vue des idées quelques épisodes de la campagne présidentielle me restent en travers de la gorge : - le drapeau et l'encadrement militaire : elle refaisait la campagne de 2002 sur le thème de l'insécurité, et avec la thématique de la droite.-le fait que quelques semaines après la fin de la campagne elle annonce qu'elle ne croyais pas au SMIC à 1500 €. Si elle n'y croirait pas : il fallait proposer autre chose et pas passer son temps sur le drapeau.Quant au livre "ma plus belle histoire" : OK elle y explique les raisons la défaite , notamment l'acharnement des médias.C'est beaucoup mieux que le livre précédent, mais cela manque toujours de souffle. Chez Drucker ou ailleurs, je ne sens pas d'élan.<br />
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D
1) elle consacre un long chapitre dans son livre à l'organisation de la campagne, et aux leçons à retenir.2) j'ai fait 4 meetings de campagne, à paris et à toulouse, et c'était les plus beaux meetings socialistes que j'ai vu, bondés, joyeux, populaires, avec des foules transportées. Villepinte ou charlety, les deux plus importants, étaient formidables.3) http://www.dailymotion.com/relevance/search/segolene%2B2008/video/x412mq_jt-france-2-12-janvier-2008_politics4) le monde 2 a fait un long article sur les nouvelles idées à gauche, en interrogeant chercheurs, experts, think tank... 90% des dites idées, y compris les plus novatrices, sont dans la contribution de ségolène royal. C'est, de mon point de vue, plus important que la structure des phrases chez michel drucker.5) il faut effectivement un parti"organisé".
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