Vanités...

Publié le par CC

CHAPITRE III
Une fois rentré chez lui, le vieux prof revêche buvait un thé et lisait son courrier. Il vivait seul, depuis qu’il avait quitté les bancs de la fac pour passer sur ses estrades. Il avait habité d’abord chez ses parents et puis avec des amis, en collocation, de dix-neuf ans à vingt-trois ans. Enfin, en donnant ses premiers cours, il avait eu les moyens d’avoir son propre appartement. Depuis, il avait perdu de vue ses quelques copains de fac, il s’était enfermé dans ses habitudes et dans ses recherches, ne supportait les autres que dans les relations de travail et dans les nécessaires mondanités du milieu. Il savait bien que ses collègues se moquaient de lui, de son inélégance, de son physique ingrat et de ses idées monarchistes, mais il était respecté pour ses travaux et ses nombreuses publications. Il n’attachait aucune importance à la couleur de ses cravates et ne cherchait à séduire, physiquement, ni les hommes, ni les femmes. Personne ne lui demandait jamais, mais il se définissait volontiers comme « un pur intellect, un cerveau, dénué de corps… ». L’homme soliloquait souvent, solitaire, célibataire, devant l’écran insipide de la télévision qu’il exécrait. Il en avait une cependant, n’ayant guère d’autres divertissements. Il ne s’autorisait que certains documentaires et certaines émissions littéraires, bien que détestant ce « critique raté qui s’agitait pour vendre les livres des autres ». C’est ainsi qu’il parlait de Pivot. Il faisait une exception pour les émissions de Drucker, car il considérait ce « jeune homme, fort convenable ».
Cette attitude étrange lui venait de loin. Il vivait en schizophrène misanthrope et il vivait bien ainsi.

CC

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