Vanités...
Elle se disait qu’elle ne le reverrait jamais. Tout cet amour n’était que poussière, c’était le sable du désert, au moindre coup de vent, il s’envolerait. Et d’ailleurs n’était-elle pas heureuse avec Bernard ?
La vie quotidienne avait repris ses droits. Les journées lui semblaient si longues, si tristes, sans la peur, sans l’aventure…Quelle vie incroyable elle avait eu là-bas ! Que de fois tremblante d’émoi, elle avait rêvé de se lover dans les bras puissants de John !
Quand Bernard rentrait du travail, il lui racontait ses éternelles histoires de resquilleurs, de provinciaux perdus dans le métro… Cela l’avait fait rire au début, et puis le temps passe, et tout ça l’avait lassée. Elle en était sûre maintenant, elle était faite pour une autre vie. Bientôt elle repartirait, elle rejoindrait John, et ils vivraient ensemble les magnifiques couchés de soleil du désert.
Ce soir-là, Bernard rentra encore plus tard que d’habitude. Il avait pris de mauvaises habitudes durant l’absence de Sandra : il allait de plus en plus souvent boire un verre avec ses collègues, il rentrait éméché, fatigué, irritable… Sandra lui en fit la remarque :
« - Tu as oublié que tu avais une petite amie ? osa-t-elle.
- Laisse-moi tranquille ! Tu es partie pendant six mois et tu aurais voulu que je reste cloîtré pendant tout ce temps ? Et d’ailleurs qui me dit que tu ne m’as pas trompé, toi ? »
Ces propos injurieux étaient insoutenables. Sandra se mit à pleurer. Il la prit alors dans ses bras pour se faire pardonner. Il firent l’amour mais Sandra éprouva moins de plaisir que d’habitude. Quand Bernard s’endormit, elle resta encore longtemps, dans le noir, les yeux grands ouverts, ici, certes mais déjà partie, chevauchant un dromadaire, agrippée à John, pour aller sauver des vies.
Elle s’éveilla malheureusement aux côtés de ce corps qui ne lui inspirait plus rien, que du mépris et de l’indifférence. Bernard, lui souriait pourtant et c’était un homme très bien. Elle l’avait connu pendant des vacances à Bornéo, il y avait trois ans de cela maintenant. Il était alors un jeune garçon ambitieux et plein de vie. Il envisageait de monter une société d’informatique avec quelques-uns un de ses amis. C’était son regard clair et honnête qui avait séduit Sandra. Elle croyait en lui.
Son entreprise avait fait faillite et ses beaux projets aussi. Il était devenu agent de la RATP. Sandra l’avait suivit à Paris songeant qu’une nouvelle vie allait commencer. Elle pensait qu’il retrouverait le goût de l’aventure. Mais la jeunesse ne dure qu’un temps ; il avait maintenant ses habitudes, sa routine et se complaisait ainsi.
Il n’en était plus de même pour Sandra…
CC