Un an de sarkozysme : janvier 2008

Publié le par CC

Je faisais déjà un bilan, début janvier...Avant de penser aux bonnes résolutions, il faut toujours faire le bilan..."21 coups de canon le jour de mon élection : ça ne s'était pas fait depuis De Gaulle. Des vacances aux USA, dans une villa luxueuse, une augmentation de 172%, un bravo à Poutine, des mamours à Kadhafi, des centrales nucléaires à qui n'en veut, des tas d'expulsés, des discours racistes en Afrique, un reniement de la séparation de l'Eglise et de l'Etat devant le Pape et Jean-Marie Bigard, un divorce...Faire gober aux Français que les vrais privilégiés sont les cheminots tout en partant en vacances en Egypte dans un avion "prêté" par mon ami le magnat financier Boloré, faire croire à tout le monde que j'aime la "valeur travail" et qu'il faut travailler plus pour gagner plus tout en repartant en vacances en Jordanie aussitôt revenu de la Mer Rouge...Tous ces scandales, c'est jouissif ! Et en plus, je sors avec la nana la plus canon de la terre ! Dire qu'il suffit que je trouve un nouveau scandale pour qu'on ne parle plus du précédent...C'est trop simple, la politique !"

L'année commence bien : grâce à l'interdiction de fumer totale dans les lieux publics, on peut prendre une bonne résolution plus facilement. En plus de cela, le 2 janvier, un édito entier est consacré à Sarkozy, à la une du Figaro...Ce n'est pas un fait bien surprenant...C'est seulement son auteur qui est incongru..."Fumer le cigare dans les bureaux de l'Elysée, depuis le 1er, c'est interdit. Mais sur mon yatch, dans mes soirées privées avec mes amis Boloré ou  Dassault...Vous avez lu, d'ailleurs, l'édito de Dassault, à la une du Figaro, hier ? C'est bien d'avoir des amis aussi prévenant, aussi distingués, qui vous souhaite ainsi leur voeux...En voilà un qui me parle d'autre chose que de ma vie privée !"

La vie privée, pourtant, c'est utile d'en parler quand tout va mal. Lors des voeux à la presse, Sarkozy se débrouille pour qu'on ne retienne que ça. Les sondages en berne passe au second plan. C'est trop simple, la politique ? "Les sondages disent que je suis grillé ? J'annonce  un mariage en février !"

Il est temps de redonner un peu de lisibilité à l'action gouvernementale. Un peu de profondeur s'impose. Pendant ses voeux, déjà, Sarkozy avait eu recours à une formule philosophique d'Edgar Morin : la politique de civilisation. Même si dans le fond tout ça reste bien vague et fait bondir l'auteur qui déclare qu'on utilise sa pensée de manière abusive."Moi, de toutes façons, au début, je pensais qu'Edgar Morin, il présentait la "Roue de la fortune" et il jouait de la clarinette..."

Toujours en quête de fond, Sarkozy s'attaque à l'Europe et invite Tony Blair à l'UMP. Etonnant rapprochement...ou pas...En tout cas, c'est une autre vision de l'Europe, un tournant politique à 180° qui s'amorce. L'amitié Franco-Allemande prend un sérieux coup dans l'aile. Et le libéralisme économique s'affiche...

Sarkozy se sent tout puissant :  "Tony Blair s'est déjà converti au catholicisme, il se convertira au Sarkozysme ! Et puis, c'est Moi qui fais et défais les noblesses : on est toujours assez bien né quand on est distingué par Moi."  (attribué à Louis XIV)

Le 13 janvier, le ras-le-bol se fait sentir plus que d'habitude pour moi. Avoir chaque jour le nez dans la presse pour suivre les frasques présidentielles, c'est usant : Je fais écho à un post de mon confrère de Sarkofrance, Juan :

 
vig-cc.jpgCertes, je sens bien que suivre de près les faits et gestes ou plutôt les dires et gesticulations de notre président, a une importance capitale pour la démocratie. Malgré cela, je ressens une fatigue, un lassitude, un angoisse terrible, devant le résultat.
Suivre l'actualité politique, avec Sarkozy, c'est être contraint de faire les poubelles de mon coiffeur pour lire la presse à scandale. C'est apprendre qu'on est dirigé par un mufle sans pudeur qui offre la même bague à toutes ses conquêtes. C'est être forcé d'observer le mauvais goût personnalisé. Obligé de supporter les images des vacances présidentielles de Nicolas, Carla et du fils de cette dernière.


A cela, Sarkozy a répondu, lors de sa conférence de presse :"
Si ces photos sont trop douloureuses, et bien n'envoyez plus de photographes." Analysons : il le dit avec ironie, mais il le dit. Il réplique tout simplement par un méprisant "Ne regardez pas". Voilà la réponse, donc : tournez les yeux. Si c'est de l'ironie, c'est qu'il suppose que ce ne sont pas des images douloureuses. Il suppose que ce sont des images de conte de fée. C'est ainsi qu'il cherche à nous les vendre. Cependant, les photos sont douloureuses : pour des gens modestes, ces richesses ostentatoires sont douloureuses. Pour toute personne censée, ce gamin exposé aux journalistes, c'est indigne et douloureux. Et cet étalage de bonheur frelaté, ça peut aussi blesser les gens qui souffrent...

Pour tout dire, tout cela fini par donner la nausée...

On en serait presque à écouter la parole présidentielle : "si tout cela est trop douloureux, tournez la tête, ne regardez pas." Et s'il avait dit cela au sens propre, finalement ? Si tout ce battage, en plus de la volonté nous détourner des vrais problèmes politiques et du vide de la politique présidentielle, n'était organisé que pour nous faire détourner le regard à nous, les vigilants ?
C'est vraiment là que commencerait la liberté d'action de M.Sarkozy : quand tout ceux qui pensent et qui examinent de près sa politique, quand ceux qui le mettent devant ses contradictions, quand ceux qui ne se bornent pas à attendre frénétiquement la date du mariage de Nico et Carla, mais qui s'intéressent au paquet fiscal, au 35h ou au pouvoir d'achat se seront définitivement détournés des frasques du président, alors, il pourra mener à bien sa politique désastreuse de démantèlement du service public, de cassage du droit du travail, de politique d'immigration absurde...


Alors, il faut continuer à être vigilant, à supporter les frasques écoeurantes pour surveiller le reste. C'est une forme de résistance. Et j'ai de plus en plus l'impression que sa politique tellement désordonnée, tellement improvisée en fonction des sondages, nous mènera dans le mur. Car le peuple lui aussi est au bord de la nausée...

Il faut bien continuer malgré tout...

Les jours et les mois se suivent et se ressemblent dans la France Sarkozyste : voyage, Carla, bourde, voyage, bourde, Carla...

Arabie Saoudite, sans Carla, parce qu'ils ne sont pas encore mariés. Une raison égoïste pour défendre les droits de la femme : "J'aurais bien aimé emmener Carla..." Un voyage pour rien, en plus : on revient sans un seul contrat signé : "Vendre le nucléaire dans le pays du pétrole, c'est un peu comme vendre des boutons à des nudistes, vous comprenez..."

Et les sondages continuent leur descente...On parle et on reparle du pouvoir d'achat.
"C'est pas ma faute à moi, si je baisse dans les sondages,
C'est pas ma faute à moi, c'est à cause du prix du fromage,
C'est pas faute à moi...N.I.C.O.L.A !"

Et surtout, la vie privée qui s'affiche tellement, ça ne plait pas. Le président semble avoir oublié qu'il a été élu par une majorité de droite très conservatrice et d'une tranche d'âge élevée : un divorce et des escapades amoureuses non légitimes, c'est très mal vu, par ces gens-là... "Les vieux ne m'aiment plus. Fillon me passe devant. Que voulez-vous que je vous dise : les vieux sont des cons. Ils ne savent pas ce que veut dire bling-bling, ils préfèrent Bernadette à Carla, ils apprécient plus le look "raie de côté" à la Fillon que mon look "Top Gun"...Bref, le mauvais goût n'est pas partagé par tous..." et pourtant... "Je pensais pourtant qu'en plébicitant Enrico Macias et Mireille Mathieu, les plus de 65 ans me seraient acquis..." à moins que..."Ma chute dans les sondages, on l'a dit, c'est à cause des vieux. C'est finalement le premier succès de mon mandat : les personnes âgées se sentent en sécurité. Mais pour moi, c'est un problème et c'est pour cela que je reparle des banlieues."


"C'est pas ma faute à moi, si ma côte de popularité ne va pas,
C'est la faute des médias, qui ne font rien qu'à parler de moi...
C'est pas ma faute à moi, N.I.C.O.L.A..."

Il faut trouver une nouvelle annonce choc pour changer de sujet : on parle donc de supprimer la pub dans les médias public. Pour financer le manque à gagner, on parle d'une taxe sur les produits électroniques. "Que voulez-vous...Le pouvoir d'achat, c'est bon, vous avez fait une croix dessus...Alors le prix des téléviseurs, des ordinateurs et des téléphones portables peut bien augmenter...En même temps, pour financer l'émission Motus, rassurez-vous, il ne faut pas un budget faramineux..."

Comme si un malheur n'arrivait jamais seul, les bourses mondiales se cassent la figure...Travailler plus ne serviraient à rien...D'ailleurs, il y en a un qui a travaillé plus...Un certain Jérôme Kerviel, mais ça ne lui a pas porté chance...("Il a fait un peu n'importe quoi dans le but de devenir un "super trader". Moi aussi je fais n'importe quoi pour devenir super président.")

N'empêche qu'en plus d'une politique épouvantable, d'une communication catastrophique, le contexte mondial vient mettre des bâtons dans les roues de Sarkozy. Et à l'international, Sarkozy provoque le rire plutôt que la compassion. Les journaux étrangers s'en donnent à coeur joie. Un mois plus tard, les Espagnols se demande même si Sarkozy n'est pas malade... "Et encore, ils ne comprennent pas ce que je dis..."
Y'a des traducteurs...Surtout quand Sarkozy décide d'étendre sa politique d'imigration à toute l'Europe : "L'Europe n'a qu'à bien se tenir : il y a eu Charlemagne, il y a eu Louis XIV, il y a eu Napoléon...Me voilà, à présent. Je ferai une Europe blanche et chrétienne..."

Voyage  en Inde : Sarkozy visite le Taj Mahal sans Carla : "Que c'est triste le Taj Mahal, au temps des amours mortes, que c'est triste, le pays du kamasutra, sans Carla..."

Avec Carla, Sarko se retrouve dans une pub pour Ryan Air...


Et ça ne lui plait pas beaucoup. Un procès est engagé et on se pose des questions sur le pouvoir que s'octroye ce président face à la presse et la liberté d'expression. Dans le même temps, une émission intitulée "Sarkozy et les femmes" est déprogrammée en dernière minute. Ça fait beaucoup pour ne pas lâcher le mot "censure"... "Je ne censure pas : je refuse qu'on parle de ma vie privée..." Belle hypocrisie quand on constate combien il met en avant cette même vie privée quand ça l'arrange, évidemment.

A suivre...
CC
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