Privatisation : comme une lettre à La Poste...

Publié le par CC

« Le problème que nous avons en France, c'est que les gens sont contents des services publics. L'hôpital fonctionne bien, l'école fonctionne bien, la police fonctionne bien. Alors il faut tenir un discours, expliquer que nous sommes à deux doigts d'une crise majeure - c'est ce que fait très bien Michel Camdessus -, mais sans paniquer les gens, car à ce moment-là ils se recroquevillent comme des tortues. » C'est ce que déclarait Renaud Dutreil, il y a déjà quelques années.

Le capital sympathie du facteur, s'il pouvait être mesuré, serait sans doute assez bon. Tel Dany Boon sur son vélo, il est attendu et apprécié...

Par contre, un travail de sape est fait pour nous faire détester la Poste dans son ensemble. Le facteur, passe et vous n'êtes pas là : il faut aller chercher le colis ou le recommandé au bureau.

Et au bureau, il faut avoir le temps. Trois guichets d'ouverts sur huit, des employés nerveux et pas forcément sympathiques, qui servent tant bien que mal des clients (et non plus des usagers) à la chaîne, leur proposant mécaniquement des téléphones portables, des enveloppes pré-timbrées, des stylos parfumés ou des kangoos jaunes miniatures.

Au premier décembre, alors que l'on commence à écrire des cartes de voeux pour Noël, sans doute une des périodes les plus chargées pour le courrier personnel, la Poste organise la pénurie des timbres. Le consommateur est obligé de se rabattre sur les paquets d'enveloppes pré-timbrés, beaucoup plus rentables.

Les guichetiers ne sont plus vraiment au service des gens. Ils sont assujettis aux objectifs de vente irréalisables qui sont légion, en général, dans les boîtes privées dirigées par des loups aux dents qui rayent le plancher. Les employés de la Poste ne sont bien souvent plus des titulaires, des fonctionnaires : demandez, pour voir, une fois, à votre guichetière préférée, son statut. J'en connais en CDD reconduits de multiples fois, j'en connais des intérimaires...Beaucoup. Et j'en connais aussi que le rythme et les conditions de travail épuisent.

La Poste, d'ailleurs, cela existe-t-il encore vraiment ? La Banque Postale, oui. La nuance est grande. Le guichet est là pour attirer le chaland, pour qu'il ressorte de l'agence (appelons les choses par leur nom) avec autre chose que ce qu'il est venu chercher et un rendez-vous avec le conseiller financier.

Dès lors que les Français n'aiment plus un service public et dès le moment où celui-ci ne se conduit plus comme un service public, le fruit est mûr, il peut tomber de l'arbre.

Le 15 décembre, le sort de la Poste sera fixé. Le capital passera certainement en bourse et on verra apparaître une belle publicité qui nous dira : "Devenez actionnaire de la Poste, soyez acteur dans l'acheminement de vos plus belles lettres !". Tout ça sur un fond de Dany Boon sur son vélo.

Dany Boon, pour des raisons de rentabilité, cependant, il ne vous livrera plus votre journal tous les jours, vous pouvez le croire...

CC
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